Entretien avec Leïla Pellissier

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Dernière traduction parue : Franchir la mer, de Wolfgang Bauer, Lux Éditeur.
Le récit sans fard d’un journaliste qui a accompagné des migrants depuis l’Égypte jusqu’à l’Europe dans leur traversée de la Méditerranée. Un texte poignant.

Leïla Pellissier traduit de l’allemand. Elle a notamment traduit Hans Herbert Grimm, Thomas Montasser et Stefan Zweig.

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Une voix un peu rauque, qui hésite parfois sur un mot pour dire ensuite le plus simplement du monde l’origine d’une vocation, le plaisir de la traduction. Le bruit d’un criquet qui prolonge la saison dans un jardin proche de Paris. Et des réponses livrées sans faux-semblant dans lesquelles Leïla raconte son métier avec une passion sincère.

Pourquoi traduis-tu ?
C’était la matière que je préférais à la fac. En plus, j’avais de bonnes notes ! Je me souviens que ma prof avait particulièrement aimé ma traduction d’un texte de Kurt Tucholsky. Et puis, je me suis lancée un jour un peu par hasard. Je me suis mise à traduire un roman pour ma nièce, parce que je voulais vraiment qu’elle le lise. Mais il était écrit en allemand… Je n’ai donc pas eu le choix. Traduire me donne l’impression de rentrer dans l’histoire, d’être de l’autre côté du miroir, de m’approprier le roman. Et puis chercher la bonne formule et se dire qu’on a trouvé une solution est toujours une jouissance.
J‘aime aussi rencontrer des auteurs, découvrir de nouvelles choses, comme lorsque je traduis des beaux livres, sur les massages ou les camions de pompiers par exemple.
J’aime bien aussi être seule, me dire que je n’ai pas de patron.

Le livre que tu aurais rêvé de traduire ?
Il ne me vient pas de livre en particulier. Après tout, on peut tout retraduire, pourvu qu’on s’en sente capable et qu’on trouve un éditeur !

Celui auquel tu rêves de t’attaquer ?
Aller Tage Abend de Jenny Erpenbeck. L’un des meilleurs livres, je crois, que j’aie lu depuis longtemps. Bien écrit, bien construit, intéressant. Toutes les qualités d’un roman.
Des livres pour enfants aussi. Ma fille aimerait bien lire un livre traduit par maman !

Ton meilleur souvenir de traduction ?
Quand je travaille avec un ou une collègue. J’adore ces moments-là. Chacun a son texte et l’autre relit, apporte des corrections. Mais il faut être sur la même longueur d’ondes, si on fonctionne très différemment, c’est plus dur. Dans tous les cas, se creuser la tête ensemble sur un passage difficile, quel bonheur!
Je me souviens aussi avoir entendu une actrice lire une de mes traductions, et m’être dit que les passages où j’avais osé prendre des risques étaient finalement très réussis. Ça m’a confortée dans mes choix. C’était très instructif.

Un livre, un dictionnaire, une musique… une île déserte.
Le livre : À la recherche du temps perdu ! On n’en a jamais fait le tour. Ou La vie et les opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne. Je l’ai en anglais. Je l’emporterais bien avec plusieurs traductions, pour les comparer avec l’original.
Pour le dictionnaire, le Robert historique. Et la musique, les nocturnes de Chopin. Quant à l’île, elle peut être n’importe où, pourvu qu’il y ait des cocotiers ! Mais je n’y resterais pas plus d’un mois.

Le chat.
C’est le chat Spêche-Nature-et-Traduction… pardon, Tradition ! Mais on l’appelle plus souvent : Minou. En fait, c’est une chatte qui est arrivée un jour à la maison et qu’on a gardée.

Un mot intraduisible.
Scrogneugneu. Un de mes mots préférés !

Le mot de la fin.
Le jour où les lecteurs viendront acheter un livre dans une librairie en le demandant par le nom du traducteur parce qu’ils n’auront pas fait attention à celui de l’auteur original, ou qu’il faudra rappeler aux journalistes qu’il faut aussi citer le nom de l’auteur, l’ATLF pourra se prendre quelques jours de vacances
Mais on a encore un peu de temps !

Propos recueillis par Luce Michel

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